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La participation des jeunes : encourager des dispositifs au-delà des élections - B. Fournier

Ce mardi 3 mars 2020, l'Anacej, en partenariat avec le Forum Français de la Jeunesse, a dévoilé les résultats de l'enquête consacrée au comportement électoral des 18-25 ans aux municipales 2020. Retrouvez le point de vue de Bernard Fournier, professeur invité à la Haute école de la Province de Liège (Belgique), sur ces résultats...


Bernard Fournier, professeur invité à la Haute école de la Province de Liège (Belgique)
Bernard Fournier, professeur invité à la Haute école de la Province de Liège (Belgique)

Il est toujours difficile de comparer les données des élections locales entre différents pays, même européens : la diversité des échéances ou des modes électoraux ne permettent pas de dresser un portrait comparatif clair de la participation des jeunes. De plus, les enjeux locaux laissent souvent la place à la volonté de sanctionner les pouvoirs supérieurs – les journalistes analysant d’ailleurs généralement les résultats sous cet angle. Sur quoi pouvons-nous alors nous baser pour comparer ces élections ?


Dans une allocution datant de quelques années, le Directeur général des élections du Québec rappelait certains points qui nous semblent toujours pertinents. Ainsi, dans l’ensemble des États occidentaux, la participation électorale est toujours plus faible au palier local qu’au palier national. C’est encore ce que montre le sondage de l’Ifop réalisé pour l’Anacej, puisque seulement 33 % des 18-25 ans comptent voter aux municipales de 2020 (alors qu’ils étaient 52 % aux présidentielles de 2017). De plus, cette baisse de la participation électorale des jeunes est un phénomène qui touche la plupart des démocraties occidentales et les différents paliers électifs.


Finalement, les « jeunes » ne sauraient être considérés comme un bloc « monolithique » : le degré de scolarité, l’insertion professionnelle ou l’appartenance ethnoculturelle influencent souvent davantage qu’une appartenance à la « jeunesse ». Des nuances s’imposent donc.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il peut même être sociologiquement normal que les jeunes se sentent moins intéressés à la politique locale : à cet âge, ils sont moins souvent propriétaires (et paient moins souvent des taxes locales). La plupart ne sont pas encore parents et se sentent moins concernés par les enjeux liés à la famille, aux garderies, etc. Comme ils sont plus mobiles géographiquement et déménagent plus souvent que les gens plus âgés, ils connaissent souvent moins les enjeux locaux. Cependant, plusieurs changements sociétaux pourraient les amener à se mobiliser davantage : pensons à la protection de l’environnement, qui se joue aussi au niveau local (dans le sondage, 80 % des inscrits voteraient pour une liste proposant de limiter l’utilisation des pesticides, par exemple).


Les recherches antérieures ont toujours souligné que la première raison citée par les jeunes pour ne pas être allés voter est le manque d’information. Excuse facile en cette ère de surinformation ? Les jeunes développent surtout de moins en moins le sens du « devoir civique » et le manque de contacts avec des candidats ne les incitent pas à voter.


Faut-il dramatiser cette absence d’intérêt ? La Charte européenne révisée sur la participation des jeunes à la vie locale et régionale publiée par le Conseil de l’Europe en 2015 souligne avec raison dans son préambule que la « participation active des jeunes aux décisions et actions aux niveaux local et régional est essentielle si nous voulons bâtir des sociétés plus démocratiques, plus solidaires et plus prospères ». On ne se surprendra pas, d’ailleurs, et toujours selon le sondage de l’Ifop, que 75 % des jeunes de 18-25 ans inscrits sur les listes électorales voteraient pour une liste proposant « la mise en place ou le maintien de dispositifs de participation des habitants ». Et le Conseil de l’Europe poursuit : « Participer à la vie démocratique d’une communauté quelle qu’elle soit, ce n’est pas seulement voter ou se présenter à des élections, bien qu’il s’agisse là d’éléments importants. Participer et être un citoyen actif, c’est avoir le droit, les moyens, la place, la possibilité et, si nécessaire, le soutien voulu pour participer aux décisions, influer sur elles et s’engager dans des actions et activités de manière à contribuer à la construction d’une société meilleure ».


Dans un document synthèse récent, le Réseau des associations étudiantes Animafac proposait cinq pistes pour développer cette participation des jeunes, dont « la création de dispositifs visant à promouvoir la participation des jeunes dans leur territoire ». Le document citait en exemple le projet Ruuti à Helsinki ou encore le projet PICA à Rome qui proposent des formations pour offrir aux jeunes les compétences sociales nécessaires à une participation active. Il mentionne aussi le trophée Jong LokaalBokal qui récompense les municipalités néerlandaises les plus impliquées dans le développement de la participation des jeunes. D’autres initiatives pourraient évidemment être citées dans différents pays européens.

Laisser cette « place aux jeunes » demeure encore le meilleur moyen d’encourager leur participation au-delà des chiffres de la participation électorale.

 
 
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